Assemblée plénière Région Normandie – 18 mars 2019 – Intervention de Caroline Amiel sur l’approbation de la stratégie régionale de la diffusion de la Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CSTI)
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Assemblée plénière Région Normandie – 18 mars 2019

Délibération 2 : Approbation de la Stratégie régionale de la diffusion de la Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CSTI)

Intervention de Caroline Amiel, conseillère régionale du groupe Normandie Ecologie EELV

Monsieur le président, Madame la Vice-Présidente,

Dans le préambule de votre Stratégie Régionale de la diffusion de la Culture Scientifique  Technique et Industrielle,  vous nous rappelez la stratégie en 4 points du SRESRII en ces termes :

«  La Région affirme sa volonté de mener une politique volontariste et ambitieuse en matière d’Enseignement supérieur, de Recherche et d’Innovation:

– En tant que partenaire privilégié des acteurs des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et des laboratoires de recherche, afin de les accompagner dans leurs projets, dans une démarche de proximité et de simplification,

– En favorisant l’innovation par le transfert de technologies du laboratoire l’entreprise,

– En développant une politique de structuration normande de la recherche, de la formation et de grands projets en lien avec les filières économiques,

– En soutenant l’augmentation du niveau de qualification et l’emploi, l’insertion des normands et les besoins des entreprises.

Je voudrais vous donner des nouvelles du 3ème point . Celui qui concerne la volonté de structurer la recherche normande en lien avec les filières économiques.

Nous nous étions déjà inquiétés de cette approche lors de la présentation du SRESRI  en soulignant que  ce point de vue était tout à fait discutable étant donné  qu’il risquait de brider un grand nombre de sujet de recherche puisque qu ainsi, vous imposiez au sein de l’ensemble des champs de compétences de nos équipes de recherche, vos  thématiques  prioritaires, en les organisant en RIN (Réseaux d’intérêt Normands)

Je vous confirme que sur le terrain, mes collègues et moi-même nous arrachons les cheveux pour rentrer dans les cases des RIN, et que cette obligation d’organisation en réseaux thématiques fait perdre un temps précieux aux responsables d’équipe de recherche et aux directeurs de laboratoires dans des réunions interminables où chacun tente de marier la carpe avec le lapin afin de pouvoir prétendre aux aides régionales… (Il serait d’ailleurs intéressant que vous nous présentiez annuellement le bilan des appels à projet et l’avancé de cette stratégie).

Vous vous privez aussi, ainsi, de nombreux volets de recherche « vraiment sources de progrès» c’est à dire ceux dont l’objet de recherche n’est pas basé sur l’efficacité et les performances techniques mais  œuvre à résoudre les problématiques liées aux enjeux de nos sociétés folles quand elles ne sont pas ringardes.

Alors en lisant l’ambition 3  du présent rapport : la CSTI un outil du rapprochement des Normands et des sciences, et puisque vous présentez cette stratégie comme étant appelée à être amendée et évolutive, pourquoi ne pas aller plus loin dans  dans les interactions entre sciences et société ?

Ce ne sont pas les sujets qui manquent en Normandie auxquels s’intéressent la population … par exemple et au hasard : l’effet des pesticides sur la santé ! La polémique fait rage entre l’OMS et l’EFSA (Autorité Européenne de sécurité des aliments) concernant la cancérogénicité du glyphosate…  de nombreux normands participent donc en ce moment à « la campagne des pisseurs involontaires de glyphosate » pour fournir les données épidémiologiques qui selon certains, manquent  pour trancher et faire bouger les politiques.

Ou encore on pourrait citer les risques des courants électriques parasites dans les exploitation d’élevage qui est un sujet plus que préoccupant et néanmoins délaissé et donc pris en charge par des associations faute de recherche institutionnelle.  Pour ces sujets « chauds »  il existe pourtant des outils qui peuvent être mis en œuvre. Pourquoi ne pas lancer le chantier d’un dispositif de recherche participative en s’appuyant sur les expériences qui existent déjà et permettre aux citoyens de participer au choix, à la stratégie et même au financement de sujets de recherche d’intérêt sociétaux ? Ces dispositifs permettent entre autre, grâce à la présence vigilante des citoyens d’assurer la transparence et l’indépendance des financements et assure une recherche d’intérêt commun et pas seulement une recherche à but économique.

Ce sera notre proposition pour que cette stratégie Régionale de Diffusion de la culture scientifique technologique et Industrielle prenne un peu plus de poids, d’ouverture et de démocratie que ce que vous nous avez proposé aujourd’hui.