Contribution à la concertation préalable du projet de régénération et d’évolution du domaine Center Parcs des Bois Francs
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Contribution

Rouen, le 8 avril 2019

Contribution à la concertation préalable du projet de régénération et d’évolution du domaine Center Parcs des Bois Francs

Quel que soit le lieu, le principe des Center Parcs est toujours le même : l’entreprise Pierre & Vacances choisit une zone rurale pour y construire un centre de vacances pouvant accueillir quelques milliers de personnes avec cottages individuels et bulles aquatiques chauffées à 29°C.

Le modèle même de ce type de projets imposés sur nos territoires nous interroge sur la cohérence entre les politiques publiques et la réponse aux défis climatique et social auxquels nous devons faire face de manière urgente.

A l’heure où la lutte contre le dérèglement climatique est une priorité, que penser des « bulles tropicales » chauffées à 29°C toute l’année ?

Un Center Parcs est un gros émetteur de gaz à effet de serre : à combien de milliers de tonnes équivalent CO2 évaluez-vous le bilan carbone du projet, en englobant la construction, la consommation d’énergie lors de l’exploitation, les déplacements des clients ?

A l’heure où la crise de l’emploi attend une réponse durable, que penser de la politique de Pierre & Vacances qui multiplie les CDD, les temps partiels subis et les emplois précaires ? Pierre & Vacances est une entreprise qui perd de l’argent (45,9 M€ net en 2018), maintenue sous perfusion d’argent public, avec en outre le financement des voiries et les allégements fiscaux.

Le seul bénéficiaire de cette opération s’avère être… Pierre & Vacances. Contrairement à ce que disent ceux qui soutiennent le projet, l’entreprise n’apportera pas de prospérité économique sur le territoire : au mépris de l’environnement et en concurrence directe avec l’activité locale existante, elle se contente d’engranger des financements publics pour réaliser des plus-values sur la vente des cottages.

Alors que le chômage et la précarité continuent d’être une source de misère sociale grandissante dans notre pays, dès 2013, une étude du Crired, confirmée depuis par l’Ademe, démontrait que la mise en œuvre d’un scénario volontariste de transition énergétique pourrait créer jusqu’à 240.000 emplois équivalent temps-plein en 2020 et 630.000 en 2030.

La préservation de la nature et le développement de l’économie ne sont donc pas antinomiques.

Remédier à ce grand malentendu est indispensable et serait source de réconciliation locale. Nous sommes convaincus que notre avenir économique passe par la prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux : rénovation thermique et recherche d’économies d’énergie, développement des énergies renouvelables, développement des réseaux de transports en commun, relocalisation de l’économie, développement de l’agriculture paysanne, économie circulaire et réduction des déchets sont autant de secteurs d’activité qui peuvent s’avérer de formidables opportunités économiques tout en étant utiles à la satisfaction des besoins humains.

Pour ce qui est de la conception de la nature, sortons de la vision d’une nature artificiellement recréée. La forêt et les espaces naturels rendent des services climatiques, comme puits de carbone. Ils abritent une biodiversité ordinaire qui se développe en écosystèmes, loin d’une mise sous cloche artificielle. Dans les aménagements le principe « éviter-réduire-compenser » doit primer, la préservation de la biodiversité doit être une ligne directrice que nous nous efforçons de suivre. Le cas échéant il faut instaurer une restitution de la biodiversité avec l’obligation de créer autant de végétalisation que l’on en bouscule. Enfin, la nature a aussi des fonctions récréatives, source de santé et de bien-être.

Nous prônons le développement de loisirs de plein air naturels et libres, par la randonnée pédestre, le cyclo-tourisme, les sports d’eau. L’Eure est un département au riche potentiel vert et bleu, un poumon aux portes des grandes métropoles parisienne et normandes : n’en faisons pas un espace artificiel de plus voué à un tourisme de masse standardisé.