Assemblée plénière
Lundi 18 octobre 2021
Intervention de Guillaume Hédouin relative à la stratégie régionale pour la valorisation des sédiments de dragage
Monsieur le Président,
Les écologistes ont toujours été particulièrement attentifs au devenir des sédiments de dragage et nous avons émis depuis de nombreuses années des avis concernant ces déchets.
Une motion d’urgence avait d’ailleurs été déposée en juin 2011, il y a donc 10 ans, afin d’étudier les alternatives possibles au clapage des sédiments en mer et que soit évaluées les conséquences sur la pêche et le tourisme en baie de Seine.
Il est dans un premier temps nécessaire de comprendre les enjeux liés aux sédiments en ayant une idée du volume qu’ils représentent.
Les 15 000 000 m3 dragués annuellement correspondent à environ 6 fois le volume de la grande pyramide, très majoritairement sur les grands ports maritimes du Havre et de Rouen. Seul 1% de ce volume est aujourd’hui traité à terre, le reste étant « dispersé » en mer. Cette dispersion, dans des quantités phénoménales, conduit à un appauvrissement des fonds marins par la simple « asphyxie » que ces dépôts occasionnent, ceux-ci pouvant tapisser le fond d’une couche de 2 mètres de sédiments, voire être sous forme de dépôt coniques de 5 m de hauteur.
Au-delà des volumes considérables en jeu, c’est la nature même des sédiments qui peut occasionner des attentes graves à l’environnement. Une partie des sédiments et des vases est en effet chargée en polluants de nature diverse qui en rende le recyclage ou la réutilisation impossible.
Nous nous interrogeons sur l’absence de mise en place de Schéma de mise en valeur de la mer alors que les collectivités littorales n’ont pas intégré ces problématiques au sein de leur SCOT.
Nous regrettons que l’analyse Atouts / Faiblesses / Opportunités / Menaces n’ait pas interrogée les associations naturalistes et les riverains mais ce soit contentée des autorités portuaires, des maitres d’ouvrages et des industriels, même si nous notons que les associations sont indiquées dans les coopérations à impulser.
Ce sujet ne peut être considéré uniquement sur sa dimension économique sans prendre en considération le devenir des fonds marins et des côtes.
L’étape de la caractérisation physico-chimique des sédiments et de leur traçabilité sont un préalable indispensable à la réutilisation des sédiments.
Il est à noter que 99% des sédiments passent au travers des mailles du filet puisque rejetés directement en mer.
Sans une traçabilité et des analyses fiables, les conséquences sur l’environnement ne seront pas mesurables et les dégâts pourraient être important en dispersant sur les fonds marins des boues potentiellement contaminées.
N’ayant aujourd’hui aucune certitude sur la gouvernance à venir de cette stratégie et sur la caractérisation et la traçabilité des sédiments, le groupe écologiste s’abstiendra sur ce rapport.