Tribune – Des vaches sous des pommiers, pas dans des hangars bétonnés. Non à la ferme usine d’Houlbec Cocherel et Douains !
Partager

Tribune

Rouen, le vendredi 20 septembre 2019

Des vaches sous des pommiers, pas dans des hangars bétonnés

Non à la ferme usine d’Houlbec Cocherel et Douains !

Depuis la tristement célèbre ferme des mille vaches de Drucat dans la Somme, combattue depuis 6 ans, la question du bien-être animal s’est imposée dans nos sociétés modernes. L’industrialisation du vivant n’est plus acceptée.

Le projet de ferme-usine de 1500 bovins sur les communes d’Houlbec Cocherel et de Douains dans l’Eure, actuellement en enquête publique, est un non-sens.  L’illustration que pour certains porteurs de projets peu scrupuleux, le bien-être animal, la préservation de l’environnement, l’emploi agricole, passent après l’appât des gains escomptés.

http://www.eure.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement/Consultations-et-enquetes-publiques/Enquetes-publiques/SCEA-Perault-Andre-et-Jacques-a-Houlbec-Cocherel

Enfermées dans des hangars au sol bétonné, les bêtes ont moins d’une place de parking comme unique lieu de vie. Presqu’aucun accès extérieur n’est possible au regard du nombre d’animaux.

Ce n’est plus une ferme, qui élèverait les animaux à l’extérieur dans des conditions proches de son mode de vie naturel, mais bien une usine où les animaux sont considérés comme du minerai.

En outre, l’alimentation partiellement importée recourt aux tourteaux de soja, dont on sait qu’ils sont une cause massive de déforestation importée et qu’ils sont majoritairement  fabriqués à base  de plants génétiquement modifiés dont la culture permet et  nécessite l’utilisation massive d’herbicides à base de glyphosate et autres pesticides. 

Enfin, il est démontré que l’élevage bovin intensif contribue de manière importante au changement climatique, par les gaz à effet de serre qui sont émis tout au long de la « chaîne de fabrication » : en plus de la digestion des aliments, qui produit évidemment des gaz, les procédés de culture et d’élevage libèrent les gaz précédemment stockés dans le sol et la végétation. Le méthane que le ruminant produit ne peut être compensé qu’à la condition que celui-ci pâture. Le volume et la toxicité considérable du fumier, du lisier et des effluents épandus altèrent durablement les sols et l’eau.

L’élevage industriel des bovins nécessite aussi deux fois plus d’énergie fossile que l’élevage en pâturage, non seulement pour élever les animaux, mais aussi pour cultiver les grandes quantités d’aliments nécessaires pour les nourrir.

Le mécontentement des riverains pour ce type de projet se comprend aisément, plus de trafic routier, un cadre de vie dégradé, des problèmes sanitaires ou encore des nuisances sonores et olfactives multipliées. Des exemples concrets de ces conséquences négatives ont été démontrés à proximité de nombreuses fermes usines.

Sur la question de l’emploi, ce type de ferme usine n’offre plus de métier intéressant, tout n’est que tâches répétitives où la hausse du profit est une quête constante. Le rôle du paysan n’existe plus, la prise en compte du bien-être animal est mise de côté.

Nous avons besoin de tous ces paysans qui produisent, aménagent et animent le territoire. Ce sont des fermes familiales, nombreuses et engagées dans la vie locale et associative, qui permettent de maintenir écoles, commerces et vie dans les campagnes.

Citoyens responsables et engagés pour le climat, nous sommes décidés à revoir nos façons de produire et de consommer, et mener une nouvelle révolution de notre modèle d’agriculture et d’alimentation.

Prenons l’exemple du lait, sa production industrielle est incompatible avec la nécessité de répondre à la demande croissante de produits alimentaires certifiés à hautes qualités nutritionnelle, sanitaire et environnementale. Un élevage de cette dimension est totalement nourri à base de végétaux issus de productions en monocultures (maïs ou herbes ensilées) or la vache laitière est un ruminant qui a besoin de consommer des fibres longues pour faire fonctionner son système digestif et exprimer une production en adéquation avec son potentiel animal et naturel.

Ce système de productivité à outrance est un processus du passé, contesté par le monde d’aujourd’hui, coûteux et impossible à rentabiliser. Il s’agit d’un système qui ne peut fonctionner qu’en étant conservé sous perfusion financière mais que va-t-il se passer si la prochaine PAC diminue ses subsides vers les élevages industriels et s’oriente enfin vers un réel changement de modèle ?

Alors qu’un modèle respectueux de l’animal, de nos santés, de nos campagnes, en circuit court – dont la viabilité économique avérée n’entraîne pas les paysans dans la spirale de l’endettement – passe par quelques principes de bon sens.

A l’instar de la tribune nationale signée par près de 200 personnalités le 5 septembre dernier, nous, « citoyennes, citoyens, organisations, conscients des enjeux éthiques, environnementaux, sanitaires et sociaux, ne voulons plus des élevages intensifs et industriels qui confinent les animaux dans des bâtiments fermés, dans des cages, dans des bassins en béton, les forçant à vivre dans des conditions de promiscuité extrêmes.

 (…) Nous exigeons :

  • un moratoire immédiat sur l’élevage intensif et l’interdiction de nouvelles constructions destinées à élever des animaux sans accès au plein air ;
  • un plan concret de sortie de l’élevage intensif, avec accompagnement des personnes qui en dépendent aujourd’hui vers des productions alternatives ;
  • une végétalisation d’ampleur de l’alimentation en restauration collective publique ou privée. »

Des vaches sous des pommiers, pas dans des hangars bétonnés !

Retrouvons des paysages ruraux où l’animal peut vivre en extérieur, dans des fermes à taille humaine et autosuffisantes. C’est bon pour le sens du métier d’éleveur, c’est bon pour l’animal, c’est bon pour le consommateur qui raisonne sa consommation, pour plus d’éthique.

 

Signataires :

ADVG (Association de Défense de la Vallée du Gambon)

Confédération paysanne de l’Eure

DEEN – Demain l’Ecologie En Normandie

EELV Grand Evreux

EELV Normandie

EELV Vernon Vexin Seine

Greenpeace, groupe local de Rouen

Groupe des élus régionaux Normandie Ecologie-EELV

Le Bio N’Eure

Les Coquelicots du Vexin normand

NPA 27

NVDC Vernon

Vers Une Transition