Communiqué de presse – Les Normands veulent prendre le train : la Région à l’heure des choix climatiques
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Communiqué de presse

Rouen, le 30 octobre 2019

Les Normands veulent prendre le train : la Région à l’heure des choix climatiques

Les nombreuses réactions d’usagers en attestent depuis l’annonce de la nouvelle grille horaire qui entrera en vigueur au 1er décembre 2019 : les Normands réclament de pouvoir prendre le train.

A l’heure du changement climatique, les Normands comme tous leurs concitoyens s’emparent du sujet en modifiant leur mode de vie, leur façon de consommer, d’habiter, et de se déplacer.

Le transport étant le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre, chacun veut agir à son échelle en revoyant ses modes de déplacement. On l’a vu cet été avec le phénomène de flygskam, la «honte de prendre l’avion». On le constate tous les jours, avec la forte augmentation des déplacements quotidiens à vélo et la forte hausse de fréquentation des transports collectifs, de plus de 100% sur certains secteurs de la Région.

Les études de mobilité en attestent : à titre d’exemple, la région Normandie et la SNCF vont devoir augmenter le nombre de trains en gare de Bourgtheroulde Thuit-Hébert, dans l’Eure, avec un potentiel de 7000 usagers qui transitent quotidiennement depuis le Roumois vers la métropole de Rouen.

Les déplacements de la Normandie vers Paris sont également considérables, avec un choix de vivre dans les villes normandes reliées à la capitale. Au Havre, à Rouen, à Caen, à Evreux, à Vernon, à Bernay, à Granville, à Cherbourg, la présence du train est un atout à renforcer pour garder les habitants actifs qui y vivent, y utilisent les services publics, consomment, fréquentent les lieux culturels et les associations.

Mais les petites gares intermédiaires ont aussi leur rôle à jouer, car ceux qu’on appelle les périurbains aspirent également à pouvoir se passer de leur voiture pour aller travailler, étudier, se soigner, se distraire, qu’ils vivent à Pont de l’Arche, à Bréauté ou à Flers.

Avec sa nouvelle grille horaire, la Région a essayé de ménager la chèvre et le chou, en mixant les trains directs pour les plus grandes villes et les omnibus pour les gares intermédiaires. Les usagers ont à juste titre regretté d’avoir été mis devant le fait accompli, avec des offres parfois inadaptées aux contraintes de la vie réelle. Leur forte mobilisation a permis de réajuster certains horaires, mais la Région explique que chaque sillon lui coûte de l’argent. C’est en ce sens que nous sommes à l’heure des choix.

Quand nos modestes voisins européens Wallons abandonnent la construction de six nouvelles autoroutes, le ministre du climat, de la mobilité, des infrastructures et de l’énergie explique: «Au quotidien, pratiquement toute la population wallonne a des soucis de mobilité. Donc on doit proposer autre chose et il faut réorienter les budgets, les consacrer suffisamment aux alternatives. Et pour ça, il ne faut pas, en permanence, ajouter des tronçons routiers.» On ne peut pas à la fois construire de nouvelles autoroutes et espérer que les habitants abandonnent leur voiture ou que les marchandises voyagent par le train. La Wallonie a donc fini par trancher.

Le Président Macron lui-même a déclaré à l’ONU le 23 septembre dernier : «On ne peut pas prétendre lutter contre le réchauffement climatique et continuer à financer des infrastructures qui augmentent les émissions de CO2. Là encore, nous serons cohérents: si elles polluent, nous ne les financerons pas.»

On connaît le mécanisme du trafic induit, qui fait que plus vous construisez de routes, plus vous créez de trafic, et plus vous émettez de GES. L’Autorité Environnementale a ainsi chiffré l’impact du projet de contournement Est de Rouen à 50.000 tonnes supplémentaire de CO2 /an.

En Normandie, à rebours de ces choix rationnels, plus de 300 millions d’euros de crédits d’investissement auront été alloués sur l’ensemble du mandat de M. Morin à l’extension du réseau routier et autoroutier.

On sait que le prix de la tonne carbone va s’envoler: de 32 € la tonne aujourd’hui, elle atteindra 250 € en 2030, 500 € en 2040 et 775 € en 2050, selon les projections du rapport Quinet II.

Quelle sera donc la stratégie pour la Normandie? Bas carbone, ou pollution et haut carbone?

Transférons donc ces crédits d’investissement régionaux à l’amélioration des infrastructures ferroviaires, qui bénéficient de moins que les routes, avec 167 millions d’euros.

Les associations de transport ont par exemple chiffré à 135 millions d’euros la remise en état de la ligne Rouen-Évreux. Des dizaines de milliers de navetteurs se déplacent quotidiennement entre la préfecture du département de l’Eure et la métropole rouennaise, sans alternative à la RN 154.

Prenons exemple sur la métropole bordelaise qui développe un projet de tram-train pour relier la gare de Bordeaux à Lacanau: 220 millions d’euros pour un million de passagers/an. Rouen-Évreux, c’est bien plus de voyageurs pour un budget moindre. Lançons enfin l’étude promise !

Pour que nos concitoyens ne soient pas les seuls à faire des efforts, les décideurs doivent eux aussi agir, en faisant des choix cohérents avec l’urgence climatique et les attentes des populations