Communiqué de presse – Le Calvados, la Seine-Maritime, la Manche, … les départements normands dans le haut du classement en termes de perturbateurs endocriniens présents dans les cours d’eau
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Communiqué de presse

Rouen, le 18 avril 2019

Le Calvados, la Seine-Maritime, la Manche, … les départements normands dans le haut du classement en termes de perturbateurs endocriniens présents dans les cours d’eau

 

L’information est connue depuis 2015 : plus de 92 % des cours d’eaux français sont contaminés par des substances chimiques issues de l’agriculture. « Parmi ces molécules, certaines sont reconnues comme perturbateurs endocriniens (PE), c’est-à-dire qu’elles sont susceptibles d’interférer avec notre système hormonal et d’entraîner des pathologies variées qui vont de dérèglements métaboliques entraînant une obésité à des baisses du quotient intellectuel, ou des cancers dit « hormonaux dépendants » explique Caroline Amiel.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que la France se retrouve dans cette situation puisque c’est le pays européen le plus réticent dans l’application des directives concernant la protection de son environnement. Ainsi dans les années 2000 il a fallu, sous la pression de certains lobbies agricoles, repousser d’année en année l’application « réduction des nitrates dans les eaux ».

Les 2 plans écophytos en cours  sont des fiascos puisque la quantité de pesticides était encore en croissance en 2017. Sachant que les applications de pesticides (fongicides, herbicides, insecticides) sur les sols peuvent mettre des décennies pour atteindre la nappe phréatique, que deviendra la composition de l’eau demain et pour les générations futures ?

L’exemple de la zone de production de la carotte de Créances qui a obtenu plus de 10 années la dérogation afin d’utiliser l’insecticide DYCLHOROPROPENE (pourtant interdit) pose question. « Comment expliquer que les alternatives finançables par les fonds européens n’aient pu être expérimentées pendant ces années et qu’en 2019 ce label rouge et AOP soit menacé ? » interroge François Dufour.

« La demande d’utilisation du Metam Sodium (interdit par L’ANSES en 2018) ayant intoxiqué la zone de production de la mâche nantaise ne doit absolument pas être la solution, nous devons nous y opposer » martèle l’élu de la Manche.

Un nouveau rapport  de l’association Générations Futures – qui avait déjà publié en 2017 une carte des ventes de pesticides (sur laquelle les départements normands pointaient de la 17ème (Manche) à la 55ème place pour le Calvados) – propose cette fois une carte des molécules à effet PE.

Les 3 substances qui arrivent le plus fréquemment en tête sont le glyphosate (37 départements), l’Atrazine-Déséthyl (30 départements) et le Métolachlor (15 départements),  les 2 dernières étant pourtant interdites par l’Union européenne. Outre le caractère persistant de ces molécules dans l’environnement, on peut craindre que des stocks subsistent chez des agriculteurs peu scrupuleux qui continuent à les utiliser, décrédibilisant ainsi l’ensemble de la profession.

Le Calvados caracole en tête de ce palmarès pour le nombre de substances retrouvées (90 sur les 196 recherchées dans les 69 cours d’eau analysés), suivie de près par la Manche (87 molécules) et la Seine-Maritime (85).

La protection de nos captages d’eau et de la santé est une mission des pouvoirs publics et des collectivités territoriales.

Pour la Normandie, le SRADETT en cours de finalisation doit répondre à l’intérêt général et à la protection du bien public qu’est la ressource en eau. « C’est bien d’intérêt public car c’est l’argent du contribuable qui est en jeu. Or nous savons que les pressions sont fortes pour que rien ne change dans la protection de l’environnement » souligne Laëtitia Sanchez.

Claude Taleb ajoute : « Si l’on croise ces données très bien documentées, avec les résultats récents de la campagne des pisseurs involontaires de glyphosate, où 100 % des Normands qui ont fait analyser leurs urines ont retrouvé du glyphosate à un taux supérieur à celui autorisé dans l’eau du robinet, on est en droit de demander des comptes ».

Le chantage de certains lobbies serait insupportable et intolérable. Nous, élus, nous n’avons aucun droit de fuir nos responsabilités. Notre mission dans la gestion des fonds publics n’est pas seulement la distribution de ces fonds, nous avons aussi une obligation de résultats. Nous sommes comptables de cet argent qu’il faut cibler d’urgence vers les points de catastrophes sur la préservation de la santé publique de tous !

Les élus régionaux du groupe Normandie Ecologie-Europe Ecologie les Verts somment les chambres départementales de l’agriculture et l’ARS de remplir leur mission de service public en prenant ce sujet à bras le corps. Les élus écologistes œuvrent en interne au sein du Conseil régional de Normandie pour porter le débat et faire évoluer les politiques régionales agricoles vers une sortie rapide des pesticides.