Communiqué de presse – Destruction d’habitats naturels dans l’Eure, jeux d’influence : Ferrero, ça suffit !
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Communiqué de presse

Rouen, le 4 novembre 2020

Destruction d’habitats naturels dans l’Eure, jeux d’influence : Ferrero, ça suffit !

 

Alors que doivent commencer ce mois-ci les travaux de l’entrepôt gigantesque de Ferrero à Criquebeuf-sur-Seine, l’association France Nature Environnement (FNE) Normandie a annoncé poursuivre son recours juridique contre l’autorisation d’exploitation octroyée à la société GEMFI, agissant pour le compte de l’entreprise. Cette décision intervient après le retrait de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) du recours, suite aux échanges, rapportés par Le Poulpe, entre l’association et Ferrero. Le groupe Normandie Ecologie-EELV est interpellé par ces procédés et donne son soutien à la FNE, face à ce projet désastreux à tant d’égards.

Et pour cause : outre les hectares de prairies artificialisés et l’augmentation du trafic routier autour de la zone d’activités, les travaux programmés représentent une menace directe pour l’habitat de 32 espèces d’oiseaux protégées. Parmi celles-ci, plusieurs sont fortement menacées, notamment l’Oedicnème criard, la Bondrée apivore et l’Engoulevent d’Europe. Elles seraient ainsi privées de 17 hectares d’habitat d’alimentation et de reproduction.

Ce projet a obtenu l’aval du Préfet de l’Eure malgré les nombreuses failles de sa demande d’autorisation environnementale, pour laquelle le Conseil national de la protection de la nature avait émis un avis défavorable. Ce dernier avait pointé du doigt les « défauts majeurs » dans l’application de la séquence Eviter-Réduire-Compenser proposée par la société GEMFI. Le CNPN a estimé en effet peu justifiée la « raison impérative d’intérêt public majeur » du projet, et ce alors que la société met en avant l’absence de solutions alternatives à l’implantation d’un entrepôt à Criquebeuf-sur-Seine.

Pourtant, ce projet peut être bel et bien évité : cet entrepôt aurait pu élire domicile dans l’agglomération rouennaise, qui abrite plusieurs sites appropriés.
Par ailleurs, alors que la plus grande usine de Ferrero d’Europe, située à Villers-Ecalles est desservie par une voie ferrée non désaffectée, le choix rationnel aurait été de remettre cette dernière en fonction, ce qui permettrait à Ferrero d’acheminer ses produits via les nombreux accès à proximité : autoroutes mais également la Seine.
L’investissement dans le fret ferroviaire prendrait ici tout son sens et la Normandie a bien évidemment son rôle à jouer ; mais pour Hervé Morin, l’ambition de faire de la Normandie une terre d’excellence en logistique ne se résume que par le routier, le routier et encore le routier.

Quant au volet compensation, les propositions faites sont hors-sujet : au lieu de s’engager à renaturer 17 hectares et ainsi garantir le principe de « zéro artificialisation nette », Ferrero/GEMFI évoquent simplement une mise en gestion pendant 25 ans d’une parcelle déjà classée Natura 2000. Ce projet d’entrepôt, c’est 17 hectares de prairies, hôtes d’une grande biodiversité, détruites : la compensation proposée n’est clairement pas à la hauteur.

Les raisons pour s’opposer à ce projet ne manquent pas. Malgré cela, Ferrero bénéficie du soutien des pouvoirs publics. Nous le savons, l’entreprise soigne ses liens avec les acteurs institutionnels et ce depuis de nombreuses années. Pour rappel, Ferrero a largement financé le palais omnisports de Rouen baptisé Kindarena – énième exemple du sport financé par la malbouffe.

Dernier épisode s’agissant de ces manœuvres : les échanges, rapportés par Le Poulpe entre Ferrero et la Ligue de Protection des Oiseaux, afin d’obtenir le retrait du recours juridique. La FNE, toujours selon Le Poulpe, aurait quant à elle été encouragée par plusieurs élus normands à mettre fin à cette démarche. Dans ce contexte, nous apportons notre soutien à France Nature Environnement Normandie qui tient bon et vient de décider la poursuite du recours.

Plus que jamais, nous prenons conscience de l’impact sur notre santé de notre mauvaise alimentation mais également de notre maltraitance environnementale. Il est ainsi stupéfiant de permettre à Ferrero de s’étendre en détruisant notre biodiversité afin de poursuivre la commercialisation de sa funeste huile de palme !