Assemblée plénière Région Normandie – 24 juin 2019 – Intervention de François Dufour sur le plan régional pour les protéines végétales au service de l’alimentation humaine
Partager

Assemblée plénière Région Normandie – 24 juin 2019

Délibération 4 : Plan régional pour les protéines végétales au service de l’alimentation humaine

Intervention de François Dufour, conseiller régional du groupe Normandie Ecologie EELV

Monsieur le Président, chers collègues,

Le conseil général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux (c’est à dire le ministère de l’agriculture) souligne dans un rapport publié mardi sur les zones intermédiaires que le modèle français en grandes cultures doit évoluer pour éviter de se retrouver dans une impasse.

Le conseil dit ceci: « le modèle grandes cultures pratiqués actuellement est arrivé à son terme ! »

Le CNAL avance des pistes d’évolution avec notamment un plus grand partage des pratiques agricoles et une diversification des productions et des métiers.

Or nous savons que la  dangereuse dégradation des sols cultivés en monocultures, l’aggravation du nombre de molécules chimiques dans les eaux des départements normands, et le réchauffement climatique nous placent face à nos responsabilités.

Le CNAL recommande même une adaptation de la PAC, ce qui est vraiment nouveau et qui montre l’irréversibilité de la situation si nous ne changeons rien. Il recommande aussi la mise en œuvre du plan investissement de l’état (5milliards d’€) afin de faire évoluer les pratiques agricoles.

Le plan protéine végétal normand qui nous est proposé arrive à point nommé.

Alors que les demandes sociétales évoluent très rapidement, que les nutritionnistes et organismes de santé recommandent plus de consommation de protéines végétales, le plan qui nous est proposé est un début très intéressant qu’il faudra faire évoluer. Je note deux points à ce sujet :

1/ Nous sommes loin en France de satisfaire nos besoins évolutifs et le taux de consommation nous oblige de devoir importer de plus en plus de volume.

2/ Inscrire ce plan dans le paysage normand permet de répondre à plus d’autonomie dans les exploitations agricoles tout en innovant dans les diversifications.

La plupart des cultures de protéines ont la faculté de se fournir en azote naturel tout en enrichissant le sol de multiples oligo-éléments utiles aux cultures suivantes. De même, elles s’inscrivent dans un processus de rotations de cultures ne nécessitant que très peu d’intrants et  permettent d’accélérer fortement la conversion vers l’agriculture biologique.

Le plan proposé permet tout autant de répondre aux zones de grandes cultures qu’aux petites régions d’élevage !

En décembre 2018, nous les écologistes avions questionnés notre assemblée sur l’urgence d’une réforme de la PAC qui s’effectue en ce moment.

Ainsi la NORMANDIE a perdue plus de 50% de ses prairies depuis 1970, or dans les prairies il y a naturellement des graminées et des légumineuses. Cette disparition a mis l’élevage du grand ouest en totale dépendance des protéines du continent américain, notamment le soja transgénique. Ainsi ces protéines génétiquement modifiées et résistantes au glyphosate se retrouvent jusque dans nos assiettes.

Faut-il répéter que des millions d’hectares en équivalences traversent les océans pour nourrir les bovins, les porcs et nos élevages de volailles ? De plus nous déversons des millions de tonnes de céréales dans les ports pour un marché mondial non rémunérateur. Quelle incohérence !

Monsieur le Président, chers collègues, ayons le courage de porter une exigence vers l’Europe  afin que la PAC soit enfin cohérente par une réorientation de ses crédits du premier pilier (9 milliards) par an et qui va se décliner entre 2021 et 2025.

Si la Normandie ne profite pas de cette opportunité pour réclamer un plan protéine européen, alors je ne donne pas cher de notre élevage pour la décennie qui arrive.

L’exemple betteravier actuel est une leçon pour nous tous : un marché mondial spéculatif boosté par une dérégulation prévisible dès la fin des quotas et notre totale impuissance face à cela. Et nous risquons de tout perdre.

Alors chers collègues, les écologistes voteront le plan protéine végétal pour la consommation alimentaire mais celui-ci doit être conforté dès 2019 par un plan  protéine normand plus vaste pour sauver nos élevages, notre agroalimentaire et leurs milliers d’emplois.

Il en va de l’identité normande, de la proximité de la production et de la consommation, et de notre capacité à résoudre les soucis environnementaux.

Retrouver l’autonomie fourragère et redonner un revenu aux agriculteurs, c’est faire d’une pierre deux coups.

Soyons courageux et ambitieux, mais surtout soyons cohérents.

La plupart de nos  politiques régionales sont financées par le FEADER, complétons un schéma qui s’appellerait plan de sauvetage en cohérence avec les besoins sociétaux.

Je termine en reprenant un slogan adapté : penser global, agir local.