Assemblée plénière Région Normandie – 26 juin 2017 – Intervention de Laëtitia Sanchez sur la modernisation de la ligne ferroviaire Serqueux-Gisors
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Assemblée plénière Région Normandie – 26 juin 2017

 

Délibération n°  3 : Modernisation de la ligne ferroviaire Serqueux-Gisors


Intervention de Laëtitia SANCHEZ, présidente et conseillère régionale Normandie Écologie – EELV

 

Vous aviez promis en 2015, Monsieur le Président, « un plan Marshall pour le rail ». Nous voterons pour le projet de modernisation de la ligne Serqueux-Gisors, tout en rappelant qu’il s’agit d’un projet de la majorité précédente avec SNCF Réseau.

Un dossier qu’il conviendrait d’urgence d’ouvrir, c’est celui de la liaison Rouen-Évreux pour les voyageurs, et Rouen-Orléans pour les marchandises.

Élisabeth Borne, la nouvelle Ministre des Transports, souhaite geler les grands projets de type TGV, ruineux pour SNCF et pour les collectivités, tant mieux ! Il faut aujourd’hui mettre la priorité sur le renouvellement des axes structurants et la cohésion des territoires.

Voici des lignes structurantes pour la Normandie aujourd’hui : la ligne Rouen-Évreux pour les voyageurs, avec un potentiel de 10.000 déplacements/jour entre Rouen et Évreux en passant par l’agglomération Seine-Eure. Le projet était d’ailleurs relativement bien avancé avant d’être abandonné en 2011 à cause du projet LNPN. Grâce aux contentieux menés par la FNAUT, l’emprise de cette section appartient encore entièrement à SNCF Réseau et n’est pas déclassée, et le projet de voie verte a capoté. C’est tant mieux, le train n’est pas un outil du passé, même s’il est cannibalisé aujourd’hui par le tout automobile et le tout routier. Une réouverture en tram-train voyageurs serait très opportune, et très justifiée autant d’un point de vue économique et social que d’un point de vue écologique.

Concernant le fret du port de Rouen, l’un des premiers ports céréaliers d’Europe : en passant par Saint-Pierre du Vauvray et Dreux, la ligne Rouen-Orléans est directe.

Une étude ADEME-ITTECOP-État de mars 2012 (Quel devenir pour les infrastructures de transport ferroviaire locales ?) consacrée principalement au projet de réouverture de Chartres-Orléans (Chartres-Voves est d’ores et déjà en service) montre que le potentiel de trafic ferroviaire sur Chartres-Orléans est limité. Par contre, si on raisonne sur l’axe Rouen-Orléans, il est très important, notamment pour les marchandises. La reconstitution de l’axe Orléans-Rouen est donc a priori pertinente d’autant qu’hélas, actuellement, une autoroute concédée se réalise entre Chartres et Orléans.

Cela permettrait au port de Rouen de retrouver de la compétitivité par rapport à ses voisins européens. Cela permettrait à l’agglomération de Rouen de se libérer d’une grande partie du trafic qui se rend au port, autant de moins sur les pénétrantes, et autant de moins en pollution et en particules fines. Nos voisins Belges, Allemands ou Néerlandais ont bien compris qu’il fallait réduire la part routière : la vertu écologique est aussi une plus-value économique. Et ils y sont arrivés, et continuent de faire progresser les frets ferroviaires et fluviaux.

Ce n’est pas en doublant les routes à Nonancourt ou en mettant en concession l’A154 que l’on encouragera le transfert modal et la transition écologique. Mais c’est bien en engageant une politique volontariste pour le fluvial, et surtout, avec le 1er port céréalier d’Europe, avec le fret ferroviaire, de se donner les chances de le rester, de développer son activité, avec moins d’impacts écologiques, moins d’impacts sur la qualité de vie des habitants, moins d’emprise et de pollution, une chance pour la métropole. Qu’attend-on, avant qu’il ne soit trop tard ? Le canal Seine-Nord-Europe ?