Assemblée plénière Région Normandie – 26 juin 2017 – Intervention de Claude Taleb sur le plan « je mange normand dans mon lycée »
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Assemblée plénière Région Normandie – 26 juin 2017

 

Délibération n° 2 : Point d’étape lycée du Futur : Actions expérimentales, Plans lycée 100% numérique et « je mange normand dans mon lycée »

 

Intervention de Claude TALEB, conseiller régional Normandie Écologie – EELV

 

Monsieur le Président, chers collègues,

Cette intervention porte sur la partie « je mange normand dans mon lycée » de la délibération « point d’étape lycée du futur ».

Je veux d’abord saluer le très bon travail qui a été accompli afin de mieux identifier à l’échelle de la Normandie, les freins auxquels ont été ou sont confrontés toutes les collectivités, des communes à la région, désireuses d’introduire davantage de produits locaux dans l’approvisionnement des restaurations collectives dont elles ont la charge.

Personne ne doit en effet sous-estimer la complexité des problèmes logistiques qu’il faut résoudre pour mettre en place une interface efficace entre les quelques 200 établissements qui dépendent de la région et des filières de production qui ne disposent pas ipso facto elles-mêmes de la logistique adaptée à ce marché, et portent, faut-il le rappeler, des productions saisonnières, dont le calendrier n’est pas déterminé par l’agenda scolaire.

Vous affichez l’ambition de servir d’ici 2021 une proportion de 80% de repas normands.

Ce n’est pas rien de changer ainsi la donne alimentaire dans un contexte où les professionnels de santé publique nous alertent sur les liens entre le « mieux manger » et la santé et où l’ouverture de nouveaux débouchés ne peuvent qu’être bénéfiques à nos filières agricoles et agro-alimentaires.

Nous souscrirons donc volontiers à votre projet dès lors que vous accepterez de préciser la définition de « produit normand » qui est donnée dans la délibération.

Celle-ci dans sa rédaction actuelle, entend comme produits normands « tous les produits fabriqués et/ou transformés en Normandie, issus d’un circuit court ou long de proximité ».

Cette définition présente selon nous deux inconvénients majeurs :

  • Elle trace un trait d’égalité entre toutes les productions normandes sans distinguer les productions sous signes de qualité (AOP, IGN, labels rouges, label bio), qui connaissent une belle vitalité et sont appréciées des consommateurs, et celles qui peuvent être – ou non – dans des démarches de montée en gamme. Les producteurs normands de volailles en label rouge ont récemment fait part de leur inquiétude d’une concurrence déloyale de produits qui sont  estampillés locaux ou « normands » pour surfer sur la demande des consommateurs sans la moindre garantie qualitative.
  • Elle met sur le même plan des produits produits dans la région et des produits qui y sont seulement transformés. On connaît la controverse publique entre les camemberts de Normandie AOP produits ici sous un cahier des charges exigeant en matière de pâturage et de cheptel et les camemberts juste fabriqués en Normandie avec du lait qui peut venir de régions voisines sans être soumis aux mêmes contraintes de production. Les producteurs de lait AOP normands jugent cette confusion entretenue déloyale.

En décembre 2016, nous avons tous adopté une nouvelle politique agricole à l’échelle de la Normandie. Dans l’enjeu 3 « valoriser les produits agricoles normands » était mentionné l’objectif  de 50% d’exploitations normandes ayant au moins un produit sous signe de qualité d’ici 2020.

Il nous semble nécessaire de rester alignés sur cette ambition. Celle-ci suppose que la collectivité actionne les leviers dont elle dispose pour inciter nos producteurs à jouer le jeu de cette montée en gamme qui est aussi une transition écologique, agroécologique.

On peut craindre qu’il sera de plus en plus difficile de les en convaincre dès lors qu’on passe le signal que ces efforts ne seront pas valorisés puisque leurs produits seront confondus dans le magma des productions standard, tous systèmes d’exploitations confondus.

Que les choses soient claires, il ne s’agit pas ici de proposer de réserver l’accès aux marchés d’approvisionnement de nos restaurants aux seules productions sous signe de qualité. Il s’agit de leur accorder la priorité en passant ainsi le signe incitatif à tous ceux qui s’interrogent et hésitent à franchir le pas de l’excellence. Et il s’agit aussi, car enfin c’est l’enjeu majeur, de garantir aux familles de nos lycéens que ceux-ci, demain, pourront consommer des aliments de qualité, bons pour les papilles et bons pour la santé.

C’est le sens de l’amendement que je vous propose au nom du groupe écologiste. En deux phrases :

  • pour que les produits sous signes de qualité fassent l’objet de priorité chaque fois que l’offre de produits le permettra ;
  • pour fixer l’objectif de 20 % de produits issus de l’agriculture biologique d’ici 2020. Ce dernier objectif est aujourd’hui couramment retenu par les collectivités locales qui ont saisi tous les enjeux économiques, sanitaires, et environnementaux, de la transition agroécologique. Il est désormais réaliste dans une région qui peut s’appuyer sur un réseau de 1500 exploitations professionnelles. Ceci au lendemain d’un week-end qui a vu la fête de la bio normande rencontrer un beau succès populaire à Saint Hilaire du Briouze.