Assemblée plénière Région Normandie – 18 juin 2018 – Intervention de François Dufour sur le plan régional pour la préservation des races patrimoniales normandes
Partager

Assemblée plénière du 18 juin 2018

 

Délibération n° 19 : Plan Régional pour la Préservation des Races Patrimoniales Normandes

 

Intervention de François DUFOUR, conseiller régional Normandie Écologie – EELV

 

Chers collègues,

Notre groupe votera ce rapport sur la préservation des races patrimoniales normandes puisque cela nous paraît répondre aux attentes de nombreux acteurs sur notre territoire qui ont la passion, le savoir-faire, la culture et la connaissance de ces diversités paysannes et rurales.

La Normandie est riche de ses diversités ancrées dans les petites régions naturelles et ces races patrimoniales normandes sont adaptées à des sols, à des terroirs et sont souvent source de très fortes productions de valeur ajoutée. Plusieurs d’entre elles sont en passe de disparaître définitivement, et je crois que le rapport nous le dit. En ce sens, une politique de soutien était nécessaire car à la fois c’est reconnaître mais c’est en même temps accompagner pour reconsolider les identités paysannes locales tout en préservant la biodiversité animale et végétale, soit dans le cadre individuel ou collectif par filières. Et ce n’est pas un hasard si l’abeille noire se retrouve en avant-première du diaporama qui nous a été présenté en commission et qui constitue ce rapport.

Dans ce rapport, il est dit que l’abeille noire est apparue voici plus d’un million d’années. La nature avait bien fait les choses car l’abeille est l’élément vivant de la vie paysanne nécessaire à la survie de l’être humain. Adaptée au climat normand, sa sélection et son adaptation aux spécificités des végétaux et fruitiers de nos terroirs est à la base de ce que fût l’agriculture et l’alimentation de nos ancêtres.

Permettez-moi d’attirer votre attention sur la situation de l’apiculture et des apiculteurs en ce printemps 2018, au moment où ceux-ci manifestent dans toutes les régions de France. En effet, ces jours-ci, des ruchers sont décimés à travers le pays et en Normandie comme ailleurs. C’est parfois 40, 50, voire 60 % des abeilles qui s’éteignent spontanément. Cela nous concerne tous et encore plus nous les élus qui avons mission de porter regard et action dans l’intérêt général. Quand l’abeille meurt spontanément, sous nos yeux, quand celle-ci perd ses repères et ne retrouve plus son lieu de vie, car désorientée par tant de molécules propulsées dans l’atmosphère, alors on doit s’interroger, s’indigner et surtout agir (je parle ici bien sûr des néonicotinoïdes).

En votant ce rapport et cette politique, nous tournons le dos à la standardisation de nos systèmes alimentaires, vecteur de tant de soucis, de déboires, d’exclusions et de mal-être ! En défendant ces races patrimoniales, nous répondons aux attentes sociétales qui chaque jour sollicitent l’élu afin que celui-ci prenne ses responsabilités, donc nous les prenons.

Défendre les productions locales et développer des ateliers proches des lieux de consommation, c’est d’abord défendre l’emploi dans les ateliers de transformation. En ce sens, au moment où un abattoir, celui des AIM, est sur la sellette avec un risque d’abandon de 242 emplois dans le bassin de Villedieu-les-Poêles, nous devons être vigilants nous les collectivités, nous avons notre engagement d’abord et notre rôle.

Nous devons nous interroger sur notre modèle agricole et en ce sens, la sauvegarde des races patrimoniales normandes apporte des réponses aux attentes sociales et sociétales, à condition que tous les acteurs économiques normands s’emparent du sujet. Puissions demain porter un regard aussi construit autour des semences paysannes normandes dont les agricultures labélisées, tout autant biologiques, ont besoin afin de retrouver une biodiversité et un équilibre de développement maîtrisé.

Enfin, au moment où le retour à la terre de nombreux candidats à l’installation se confirme, le soutien aux races patrimoniales normandes résistantes, adaptées, riches de leurs diversités, doit permettre de répondre à leur niveau, là où elles sont, à la mission de souveraineté alimentaire !