Assemblée plénière Région Normandie – 15 décembre 2016 – Intervention de Laëtitia Sanchez sur l’engagement de la Région au financement de la liaison A28-A13
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Assemblée plénière Région Normandie – 15 décembre 2016

  

Délibération n° 8 : Engagement de la Région au financement de la liaison A28-A13 (contournement Est de Rouen)

 

Intervention de Laëtitia SANCHEZ, présidente et conseillère régionale Normandie Écologie – EELV

 

Plusieurs points à souligner concernant l’autoroute.

  • Ce n’est pas une compétence de la Région, par ailleurs devenue par la loi chef de file pour le climat.
  • Il n’y a pas d’intérêt régional : une autoroute Nord-Sud pour contourner Paris par l’Ouest, sans financement ni européen, ni de la Région Île-de-France.
  • Il y a une mise en concurrence des ports normands à l’ouest de la métropole avec les ports d’Europe du Nord (Hambourg, Anvers).
  • En concurrence avec le canal Seine-Nord avec l’intermodalité route/fleuve pour Anvers-Paris, l’A86 entre l’Allemagne et les pays de l’Est et l’Espagne, l’A28 entre Rotterdam ou Anvers et l’Espagne, mais aussi les liaisons passant par la Suisse, avec le nouvel axe Bâle-Milan qui empruntera le tunnel ferroviaire le plus long du monde, le tunnel de Saint-Gothard long de 57 km.
  • Le péage est massivement rejeté, ainsi que les destructions de paysages et de terres agricoles. Outre son coût financier, cette autoroute aurait un coût agricole, environnemental et social énorme !
  • Quels financements ? L’Etat s’est engagé à un apport à 50 % des 55 % du financement public, avec un plafond de 820 millions d’euros. D’ores et déjà, le projet coûte 886 millions d’euros. Monsieur Sanchez assure qu’il paiera 245 millions. Avec un financement pour les départements de 60 % pour la Seine-Maritime et la métropole et 40 % pour l’Eure. Les Eurois paieraient plein pot pour un soi-disant contournement… de Rouen.

Le département de l’Eure ne s’y trompe pas, en refusant de contribuer à une autoroute qui fracturerait son territoire, ses paysages, sans bénéfice pour les habitants, en leur faisant payer l’investissement, plus le péage dont ils ne veulent pas, au détriment de leur santé.

Tout cela dans quel intérêt ? C’est l’alibi sans cesse avancé d’y faire passer les camions, alors que ces derniers contournent allègrement les autoroutes. On l’a encore lu le 1er décembre dernier dans le communiqué de presse des transporteurs normands contre l’augmentation des péages autoroutiers au 1er février 2017 (l’organisation des TPE et PME du transport routier, Otre).

Un transporteur près de Rouen témoigne : « L’autoroute me coûte 3,5 % de mon chiffre d’affaires par mois, et on va arriver à 4,5 %. C’est intolérable […] Quand on prend l’A150 au-dessus de Rouen pour aller à Yvetot, je peux vous dire que les 18 km, on les sent ! Même considération entre Rouen et Le Mans, par l’A28. Même en ne l’empruntant qu’au niveau de Brionne, avec une sortie Alençon-sud, j’en ai pour 50 € l’aller ! »

Les poids-lourds évitent donc les péages. Ce qui est vrai pour le trafic régional l’est tout autant, voire plus, pour le trafic de transit et le cabotage européen.

L’A28 entre Rouen et Alençon ne compte que 5000 à 10 000 véhicules par jour – quand la départementale RD438 qui la longe en supporte plus de 20 000 ! Les pouvoirs publics reculent à interdire l’usage des camions aux nationales et départementales. Ce serait encore une fois le cas.

Tous les contribuables normands paieront pour une infrastructure voulue par la métropole, qu’ils n’emprunteront pas à cause de son péage, et qui dressera un mur à contourner pour accéder aux services de la ville. Une fracture sociale de plus. Une fracture écologique irréversible de plus.