Assemblée plénière Région Normandie – 15 décembre 2016 – Intervention de Caroline Amiel sur la mise en place d’un dispositif global de lutte contre la fraude dans les transports ferroviaires
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Assemblée plénière Région Normandie – 15 décembre 2016

  

Délibération n° 11 : Mise en place d’un dispositif global de lutte contre la fraude dans les transports ferroviaires

 

Intervention de Caroline AMIEL, conseillère régionale Normandie Écologie – EELV

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, mes chers collègues,

Vous connaissez l’attachement et le combat des écologistes en faveur des modes de déplacements doux et alternatifs au routier, et nous tenons à souligner l’énergie que vous avez déployée sur le sujet du ferroviaire depuis le début de votre mandat.

Mais c’est pour nous à chaque fois un crève cœur de voir proposer aux normands des nouveaux dispositifs qui vont à l’encontre de l’amélioration de la situation : la délibération qui nous est proposée aujourd’hui en est un exemple criant.

Vous désirez agir pour lutter contre la fraude, laquelle serait à l’origine de pertes importantes pour la SNCF et impacte la contribution de la Région. Vous soulignez aussi que cette fraude est souvent à l’origine de comportements générant un sentiment d’insécurité pour les voyageurs sans que l’on comprenne très bien si l’insécurité, dont il est question dans cette délibération, ne concerne que les fraudeurs.

Déjà, cet amalgame entre l’affichage d’un programme de lutte contre la fraude et la volonté de renforcer la sécurité est-il volontaire ? Si oui, affichez-le clairement et assumez l’ambiance de flicage que vous souhaitez établir sur nos lignes normandes… Ce sera plus honnête.

À lire cette délibération, une fois encore je me suis dit que nous n’habitions pas le même monde Monsieur Le Président et surtout que nos visions de la société étaient bien différentes. En effet, pourquoi choisir le contrôle à quai plutôt que la présence plus rassurante d’équipes embarquées d’agents de la SNCF ? Y aurait-il une question de coût ? La rentabilité prendrait-elle une fois de plus le pas sur une solution qui consisterait à investir dans le rétablissement des rapports humains ?

Plutôt que le choix du flicage qui instaure une ambiance de défiance et plutôt que des dispositifs qui engorgeraient l’accès aux trains, je vous inviterais à œuvrer auprès de la SNCF pour le rétablissement de la confiance et la restauration de son image auprès des voyageurs.

Car, interrogerons-nous sur le manque à gagner des lignes normandes : la fraude en est-elle la seule origine ? La SNCF fait-elle toujours tout pour nous faire préférer le train ? Ou nous incite-t-elle plutôt à monter dans ses cars concurrents qu’elle a elle-même mis en place avec des tarifs à 9 euros pour un Paris-Caen versus 35 en train ?

Combien de fois sommes-nous accueillis (et acceptons nous alors d’être contrôlés) lors de nos déplacements ? Certain trajets normands ont même la réputation d’échapper systématiquement à tout contrôle. Pas étonnant alors que les usagers soient tentés de monter sans billet ! D’autant plus que lorsque l’on paie on attend en retour un service à la hauteur de l’effort financier fourni, et que la dégradation des conditions de trajets sur les lignes normandes sont fort décourageantes !

Monsieur le President, vous êtes l’interlocuteur de la SNCF, vous avez la responsabilité d’amener ses dirigeants à prendre les bonnes décisions justes et cohérentes pour les usagers. Or, que souhaitent vraiment les voyageurs ?

Il y a eu quelques débats publics ces dernières années dans notre région, si je ne m’abuse, qui permettent d’identifier les vraies attentes des normandes et des normands : ce qu’ils désirent ce sont des trains à l’heure, des cadencements réguliers et des conditions de confort acceptables !

Certes, il est anormal et incivil que certains voyageurs se permettent de monter dans le train sans billet. Mais l’établissement de portiques ou de contrôles en gare qui ne vont faire qu’engorger les quais et créer de la tension autour de nos trajets n’est pas une solution apaisante, surtout dans le contexte actuel où notre Gouvernement s’obstine à maintenir un état d’urgence discutable instaurant une ambiance délétère pour notre société.

Rassurez-moi, Monsieur le Président, vous ne souhaitez pas faire le nid des idées du 1er groupe d’opposition de notre Conseil ?

Ainsi, mettre en place un tel dispositif alors que l’amélioration de nos conditions de trajet ne sont pas encore réunies nous semble absolument contre productif. C’est pourquoi, nous voterons contre cette proposition coercitive, source de tension et de malaise à venir avec la majorité des usagers et surtout, à notre sens, source de dégradation de l’image de la SNCF qui a pourtant toutes les cartes en main pour vraiment œuvrer à nous faire préférer le train !